En ce jour de novembre, les cigognes sont reparties vers les terres africaines mais en levant les yeux, au détour d’une rue, j’ai rencontré ce couple, confortablement installé sur le toit d’une ancienne tekke, fasciné par la danse incessante du derviche tourneur. Quelle étrange girouette s’étonne l’une d’entre elle, se peut-il que le vent fasse aussi tournoyer les hommes entre le ciel et la terre ? « Leylek », en prononçant son nom en Turc, il nous semble entendre le claquement de leur long bec … « leylek.. leylek.. leylek.. ». Les cigognes s’en sont allées. L’hiver en Turquie va bientôt s’installer. Hauts perchées dans leur grand nid, elles semblent faire le guet. Nous les avions rencontrées dans leur quartier d’été au village de Gölyazi, situé sur le lac d’Ulubat, où elles aiment faire leur nid sur les toits des maisons, des mosquées ou sur les poteaux électriques. Ce grand oiseau est fort respecté en Turquie. Dans la tradition islamique la cigogne est un oiseau bénéfique. Elle ferait chaque année le pèlerinage à La Mecque avant de revenir au printemps dans sa région située plus au nord : d’où son plumage blanc et immaculé comme l’habit rituel de l’iḥrām porté pour le ḥajj... Lire la suite....
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Pour inaugurer la catégorie « portraits », nous nous devions d’évoquer le personnage dont le souvenir est partout présent à Bursa. Il s’agit d’Osman Gazi, dont le nom est à jamais associé à l’Empire Ottoman (Osmanlı en turc) et dont il fut le fondateur. Fils d’Ertuğrul, né à Sögüt en 1258 et mort à Bursa en 1326, peu d’informations nous sont parvenues concernant sa vie privée, sinon qu’il fit un rêve prémonitoire avant son mariage lui annonçant le brillant avenir de la dynastie (voir l’article « à l’ombre du grand platane ») Son nom est associé à un des trois districts de Bursa, avec Nilüfer et Yildirim. Le quartier d’Osmangazi est situé au cœur de la ville, entre les deux rivières qui descendent des flancs de la montagne Uludağ et comprend les zones historiques de Tophane, du Bazar et de çekirge et les zones d’aménagement plus récentes, au nord de l’autoroute qui traverse la ville d’Est en Ouest. Depuis le dernier grand tremblement de terre de 1854, plus personne ne se rend au hammam d’Ördekli pour prendre son bain. L’édifice, construit à l’époque du Sultan Yildirim Bayezid, était un établissement de bain double comportant une partie réservée aux hommes et une autre aux femmes et dont les entrées séparées évitaient les rencontres importunes. Ses coupoles en cascades lui donnent cet air majestueux des grands édifices du Moyen-Age. Aujourd’hui transformé en centre culturel par la mairie de Bursa, le site a retrouvé son charme d’antan et son architecture intérieure, magnifiquement restaurée, sert de cadre aux salles d’expositions, de conférences et au salon de thé. Le clapotis de l’eau de la petite fontaine berce les clients du café en une douce musique d’ambiance. En tête-à-tête ou par groupe d’amis, les visiteurs dégustent le fameux « osmanlı çayı », le thé Ottoman, composé de divers ingrédients qui redonne énergie et santé. De couleur rouge-violet et d’un goût épicé où prédominent la cannelle et le clou de girofle, il s’apparente plutôt à une tisane où se sont rencontrées les saveurs de la pomme, du citron, de l’orange, l’hibiscus, du gingembre, du tilleul et du thym. L’ajout d’une cuillérée de miel adoucit cet ensemble harmonieux. La recette, qui n’a rien de secret, daterait du 17e siècle. Alors pour déguster, dans un décor d’un autre âge, les saveurs oubliées, rendez-vous au hammam !
Partout en Turquie, le ney (la flûte de roseau) ainsi que le daf (tambour sur cadre), sont les compagnons indispensables des réunions de chants spirituels. De cette flûte oblique, dont on joue assis en tailleur, sur les talons ou debout, sort une mélodie plaintive, allégorie du chagrin de l’âme séparée de Son Créateur et envoyée dans le monde terrestre. Djalal ad-Dîn Rûmi introduit son poème le Mathnawî, par la métaphore du roseau dont il chante la nostalgie et le désir de retourner à la Source. Séparée de son lit de roseaux, comme l’Etre Humain l’a été de Dieu, le ney y pleure la séparation d’avec son lieu originel :
« Entends ce doux récit que nous livre le Ney : De la rupture il plaint la douleur non pareille Il dit : Depuis qu’on me coupa de mon marais, jadis, Les humains, homme et femme, à mes maux compatissent. J’entonne de mon cœur la dolente élégie, Et, par l’écho de chants, traduit sa nostalgie. En son errance, ainsi, le cœur de l’homme incline, Irrépressiblement, vers sa prime origine. » (Traduction extraite du livre : "l'amour universel, un cheminement soufi") Lire la suite .... La petite place formée autour de la mosquée Üftade fait partie de ces lieux qui semblent porter la trace d’une spiritualité ambiante et qui dégagent une atmosphère de paix et de sérénité. Est-ce dû à la présence, au centre de la placette, d’un petit cimetière ? Ou bien à celle du centre d’apprentissage du Noble Coran ? Du mausolée d’un grand mystique ? ou encore au prières quotidiennes effectuées à la mosquée ? Difficile à dire ! Ce sont probablement l’ensemble de ces présences combinées qui donne à cette place son ambiance si particulière. En effet, le petit cimetière, agrémenté de ses jolies tombes fleuries aux stèles portant des épitaphes en caractères arabes et surmontées d’un turban ottoman qui leur donne un petit air de théâtre est loin d’être morbide. De plus, les fleurs d’un rouge vif ou rose évoquent naturellement le cycle de la vie dans ce lieu de repos éternel.
Du haut de ses 35 mètres, sous son immense ramure protectrice, le grand platane d’Orient du village d’Inkaya sur la route d’Uludag a vu passer bien des générations. Né avec les débuts de l’Empire Ottoman, ce sage vieillard de plus de 600 ans est resté bien vert. Auprès de lui, des tables ont été aménagées afin que chacun puisse bénéficier de sa présence bienveillante autour d’un verre de thé traditionnel.
....A l’entrée, quelques paires de chaussures attendent que leur propriétaire veuille bien finir de prendre le petit déjeuner dans ce Café un peu particulier. A l’intérieur, l’ambiance est chaleureuse grâce à la présence de tapis moelleux, des murs de lambris, du mobilier entièrement en bois sculpté, tabourets, tables basses, buffets, vaisseliers, des banquettes recouvertes de tissus blanc à bordure de dentelle et des petites fenêtres parées de délicats rideaux. L’âme de ce Café est sans nul doute féminine ! Et oui, signe particulier de cet établissement : il est tenu uniquement par des femmes. Ces villageoises de Saitabat, vêtues de leur costume traditionnel, ont à cœur de recevoir leur hôte à la manière dont elles accueillent leurs invités dans l’intimité de leur propre demeure. Leur histoire mérite d’être racontée car elle est source d’émulation pour d’autres femmes des communes rurales de Turquie...
Cette belle maison à encorbellement semble parfois prête à se jeter dans le vide. Pourtant, elle prend son assise sur les anciennes fortifications de Bursa. A cet endroit se situait la "kaplıca kapı", la porte des thermes, une des 5 portes de la muraille qui entourait la vieille ville. Elle doit son nom au chemin qui menait au faubourg de Çekirge, dont le nom signifie "sauterelle", réputé pour ses eaux sulfureuses et ses bains thérapeutiques. Aujourd'hui encore, ce quartier possèdent de nombreux hôtels et établissements thermaux.
Ulu Camii est un de ces lieux, dans Bursa où, loin des vibrations de la ville, on se pose, pour prier, méditer ou simplement apprécier un instant de sérénité. Entrer, s’assoir à même les tapis qui couvrent le sol de la Grande Mosquée et se laisser porter à écouter le cliquetis de l’eau de la fontaine aux ablutions, exceptionnellement située au cœur de l’édifice suffit à s'imprégner du lieu. Assis dans des niches baignées par la lumière naturelle qui pénètre par les fenêtres, des vieux (et des plus jeunes) entretiennent un dialogue intime avec le Coran. Mais le regard, lui, est incontestablement attiré par les immenses calligraphies décoratives au point d’en oublier les voûtes et les piliers qui structurent l’ensemble. Observons un instant ces lettres et mots harmonieusement entrelacés, qui, abstraits par leur forme et profonds par leur sens, appellent naturellement au divin. Les thèmes des calligraphies d'Ulu cami sont variés. Certaines représentent le Nom Allah swt ou un de Ses Attributs, d'autres des lettres isolées ou des versets stylisés tirés du Noble Coran, des invocations ou des hadiths du Prophète Muhammad sws...
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